Études sur le portrait photographique généré grâce au procédé du slit-scan. Cette série d’oeuvres s’inscrit dans un cycle de création sur les procédés marginaux connexes au portrait photographique. Elle explore le potentiel d’uncanny (unheimlich) convoqué lors d’une représentation médiée où les affordances du dispositif n’ont pas été explicitées.
L’examen de pratiques photographiques marginales m’a permis de concevoir des alternatives à une idée admise d’office, que la caméra ne peut permettre qu’une seule perspective sur un sujet donné. Si l’on adhère à la notion qu’il existe une infinité de points de vue sur un objet, il devient tentant de créer une œuvre où plusieurs d’entre eux soient visibles à la fois sur une même image. Dans cet ordre d’idée, j’ai tenté de concevoir un procédé de portrait basé sur la photographie en slit-scan.
Cette technique ancienne – connue également sous le nom de photo-finish pour départager les vainqueurs lors des courses – implique que l’obturateur de l’appareil est substitué par une fente qui permet d’enregistrer une zone très étroite, quoique étalée dans le temps. On pourrait affirmer que l’image qui en résulte existe en deux dimensions, mais pas au sens habituel – dans le deuxième axe (qui se veut perpendiculaire à la fente) on a substitué le spatial pour le temporel.
Le dispositif de prise de vue que j’ai conçu consiste en une caméra suspendue au plafond qui orbite autour d’une personne immobile, un scan horizontal en quelque sorte. La vidéo qui en résulte est ensuite nettoyée et insérée dans un logiciel pour effectuer un balayage temporel (time displacement) où les pixels sont altérés selon trois paramètres : le point de vue horizontal, l’orientation de l’axe de balayage temporel et l’étendue dans le temps de l’image. Un balayage horizontal dépliera ou amplifiera la perspective, et un axe vertical semblera tordre le sujet sur lui-même, le haut de l’image représentant un moment différent que le bas.
De manière intéressante, si on a recours à une texture de référence (tel que des dégradés ou du bruit procédural) pour déterminer l’influence du balayage temporel, la temporalité devient abstraite et intrigante.
Ce genre de déformation n’est pas sans rappeler les nus distordus réfléchis sur des miroirs de foire d’André Kertész (1933).
Finalement, étant donné la nature de la prise de vue, il existe toujours une parallaxe horizontale peu importe le point de vue, ce qui permet d’afficher le résultat final en stéréoscopie.