Photostéréosynthèse numérique II (WIP)

Cette recherche-création s’intitule provisoirement Photostéréosynthèse numérique II. L’installation interactive pressentie repose sur une médiation de la physionomie de l’interacteur, émulant de fait la démarche de la photostéréosynthèse – une technique photographique occultée par l’histoire – inventée par Louis Lumière vers 1920. Il s’agit d’un procédé marginal qui recourt à des tirages positifs sur verre, superposés afin de susciter une impression de relief. En parallèle à une recherche sur le procédé ancien, j’effectuerai une réinterprétation de celui-ci dans le cadre d’une installation interactive qui en reprendra la démarche. J’ai déjà crée une installation qui en reprend le mode de représentation. Cette seconde tentative cherche à inclure et automatiser l’aspect de la prise de vue.

Deux volets parallèles sont envisagés : un examen du procédé d’époque, et une installation interactive qui en reproduirait la démarche, de manière autonome et numérique. Ce projet mobilise plusieurs concepts visités dans ma thèse : mettre à l’épreuve les limites de la médiation picturale en recourant à des modes perceptuels alternatifs, et explorer des techniques représentationnelles en marge du portait photographique. En réactualisant un procédé ancien, j’observerai comment ces enjeux ne sont pas exclusifs aux technologies numériques, mais qu’ils s’inscrivent dans une tradition de représentation picturale de la physionomie humaine.

Volet recherche

Le premier volet vise à recenser et publier sur mon site ce qui subsiste de la photostéréosynthèse : peu d’artéfacts ont survécu, le dispositif de prise de vue a été perdu, les écrits restants sont épars (tels le brevet d’origine et un compte-rendu de l’Académie des Sciences). À cette étape, j’effectuerais avec des moyens contemporains une reproductionvd’artéfact fidèle à ceux de Lumière, qui servira d’étalon pour l’installation (j’ai fait un essai préalable à cet égard).

Volet création

L’installation proprement dite reprendrait de manière détournée l’aspect d’une chambre photographique grand format sur trépied, un clin d’œil aux appareils argentiques des premiers temps. D’une extrémité s’opérerait la prise de vue, et de l’autre serait représentée l’image photostéréosynthétique. L’interacteur photographié verrait son portrait restitué sur un affichage numérique qui imiterait le volume caractéristique du procédé d’origine. L’adéquation cosmétique à une caméra insinuerait les affordances du dispositif à l’interacteur, et permettrait d’y dissimuler élégamment les microcontrôleurs, senseurs, optiques et servomoteurs sous-jacents au dispositif. L’installation serait portative, pour en faciliter le rayonnement.

Moyens techniques

Plan en coupe de l’installation

La clé de la reproduction du procédé original de Lumière est de recourir à une très faible profondeur de champ à la prise de vue, puisque c’est en superposant les clichés résultants qu’on perçoit le relief du portrait. Afin d’obtenir une image à la netteté aussi restreinte, Lumière a eu recours à une chambre oscillante très ingénieuse. J’aimerais donc tenter l’expérience avec un objectif grand format à une très grande ouverture (la profondeur de champ étant inversement proportionnelle à la longueur focale, le recours à une grande surface de projection serait un point de départ avisé). Étant donné qu’il n’existe pas de capteur numérique de très grande taille qui soit abordable, j’ai initialement cru bon de rephotographier le verre dépoli d’une chambre grand format. Toutefois, lorsque j’ai vu les essais de Zev Hoover qui insère une caméra à objectif décentré à l’intérieur même de la chambre photographique afin de saisir l’image projetée sur le plan focal, j’ai changé mes plans.

Afin d’éclairer le sujet de manière uniforme et seyante, l’objectif serait serti d’un éclairage en DEL, relié à un senseur qui détecte la présence d’un sujet et active la prise de vue. À l’instar du procédé centenaire, l’objectif oscillerait de manière à produire une profondeur de champ excessivement restreinte tout en variant progressivement la mise au point, le tout géré par un microcontrôleur.

La suite de ces essais sera publiée au fur et à mesure sur ce site.